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Vendredi 1er et samedi 2 avril 2022
Amphithéâtre Mozart
Master class saxophone et accordéon par le duo “Supéra Comère”

Musique et Oralité
Deux jours de rencontre avec Michel Supéra saxophoniste et Eric Comère compositeur et accordéoniste avec les classes de saxophone et d’accordéon du CRR d’Avignon.

Premier jour autour de petites formes : les thématiques : mesures asymétriques/pulsation, improvisation(modale et forme blues), moralité, initiation au contrepoint, études de style/musique du monde.

Deuxième jour : approfondissement du travail effectué et autour de la pièce

« Voyage »
Pièce à caractère pédagogique, a été spécialement composée afin d’aborder des sujets souvent méconnus des élèves. Articulée autour des mesures asymétriques, de la modalité, de l’improvisation et de l’oralité, cette pièce sera étudiée afin d’établir une corrélation avec ces thèmes lors de la Master Class. Même si de prime abord tous ces sujets peuvent paraître délicats voir ardus, l’expérience artistique et pédagogique de Michel Supéra et Eric Comère permettra aux élèves de les aborder et cela dès le 1er cycle.

Travail sur le rythme et l’asymétrie

La maîtrise du rythme est un point fondamental dans la pratique musicale. Dans ce domaine, certains aspects nécessitent une pratique suivie et organisée (pouvoir produire une pulsation stable quel que soit le tempo, comprendre et maîtriser les différentes mesures et les principales figures rythmiques, maîtriser et coordonner les gestes élémentaires nécessaires pour la pratique du rythme). Avant d’être abordé sur l’instrument, le rythme doit être senti intérieurement de façon claire ; et pour ce faire, le travail sans instrument s’avère un préalable souvent nécessaire. Dans le domaine du rythme, c’est l’expression corporelle qui permet de s’assurer que l’aspect étudié est correctement assimilé. Une fois ce travail mené à bien, l’application dans le jeu instrumental n’est plus alors qu’une question de technique instrumentale.

Les mesures asymétriques sont souvent présentes dans les musiques populaires des pays de l’Est mais aussi dans la musique dite « savante » (cf. par exemple Mikrokosmos Danses Bulgares de Béla Bartók). En tempo rapide, pour comprendre et ressentir ces rythmes (dit bulgares) la solution souvent adoptée consiste à dédoubler la pulsation. La durée de ces pulsations ne pourra donc pas être isochrone. Exemple, avec la mesure à 5 temps, les battements utilisés seront du type 2+3 ou 3+2.

Afin de pouvoir aborder ce travail de façon simpliste et accessible à tous, certains thèmes seront travaillés pendant la Master Class :

  •  Notion de pulsation
    Temps forts / Temps faibles
    Mesure ternaire / Mesure binaire
    Etude du 10/8 (3+3+2+2) à travers la pièce « Voyage »

    Modalité et Improvisation.
    Souvent méconnue des élèves (au profit de la musique dite tonale), la modalité est pourtant abondante dans le paysage musicale. Présente dès le Moyen Age, la musique modale était avant tout une monodie ornée. Elle a été utilisée ensuite au sein de structures contrapuntiques de plus en plus complexes. C’est au cours du XVIIe siècle que les modes sont tombés en désuétude pour ne plus privilégier que deux seuls modes: le mode majeur et le mode harmonique mineur.

  • La musique modale fera sa réapparition à partir de la fin du XIXe siècle avec notamment l’impressionnisme français (Claude Debussy, Maurice Ravel…).

Elle est largement présente aussi dans le jazz à partir de 1959 avec le mouvement du Jazz Modal (Miles Davis, John Coltrane…), ainsi qu’avec profusion dans les musiques folkloriques.

« Voyage » est une pièce à mi-chemin entre musique tonale et musique modale. Le travail s’articulera sur :

  •  L’explication de l’échelle modale utilisée dans « Voyage » ainsi que son utilisation (transposition, écriture en imitation, tissage des voix créant un contrepoint).
  •  Création de modes par les élèves (sans entrer dans la nomination de ceux-là)
  •  Apprentissage du mode présent dans la pièce.
    Notre pratique actuelle de la musique dite « classique », repose presque totalement sur l’écrit, sur la lecture d’une partition qu’il faut travailler et interpré Il n’en a pas été toujours ainsi.
    Passer de l’interprétation musicale à l’improvisation musicale est une étape souvent appréhendée des élèves. Ils se retrouvent soudain totalement paralysés à l’idée d’inventer eux même de la musique. C’est que l’improvisation musicale nécessite avant tout un changement de comportement. Les automatismes œil/doigts liés à la lecture n’ont plus cours ; c’est l’oreille et l’imagination qui doivent les remplacer.

« Voyage » comporte plusieurs mouvements. L’un d’entre eux laisse place à l’improvisation modale libre de tempo (l’absence de structure temporelle permet aux élèves d’être plus libérés face à l’improvisation). Cette initiation à l’improvisation se fera au travers de :

– L’apprentissage du mode permettant d’improviser sur ce mouvement.

– Les astuces sur l’esthétisme d’une improvisation « réussie »
–  L’écoute attentive de l’autre (prise de conscience du groupe, écoute des propositions, laisser la place/prendre la parole…).

Oralité à travers la musique.
L’apprentissage oral est omniprésent dans toutes les cultures traditionnelles du monde entier. Nous vivons une époque où l’on se confronte de plus en plus à la relativité des valeurs culturelles et à la nécessité d’échanges entre elles. Comment passer à côté, certes des musiques de notre propre passé, mais des cultures extra- européennes, de la richesse des musiques traditionnelles ? Comment jouer avec des musiciens venant d’autres cultures ? Comment abdiquer la créativité qui se trouve en chacun d’entre nous et la laisser aux seules mains des compositeurs dont le travail est pourtant si nécessaire pour penser autrement ? La difficulté apparente des œuvres écrites à notre époque ne réside-t-elle pas en partie dans le fait, qu’elles ne reposent que très faiblement sur une pratique vivante ? La force expressive d’une musique et même la complexité, nécessitent elles forcément un niveau technique élevé ?

« Voyage » a été composé pour essayer de répondre à ces questions. Le motif principal n’est autre qu’une suite de quatre notes conjointes, développé tout au long de la pièce. Cet élément
« moteur » n’a pas été choisi par hasard car l’association avec l’apprentissage oral de la musique peut ainsi exister.  Cette pièce se veut être avant tout une passerelle entre musique écrite et musique orale, entre musique savante et musique populaire…