Pour cette nouvelle saison, le compositeur Yves-Marie Pasquet nous fait l’honneur de prendre ses quartiers au Conservatoire du Grand Avignon. Cet amoureux de la musique a dédié sa vie à cet art. Tour à tour applaudi par les spectateurs et attentivement écouté par ses élèves, il a toujours su faire passer cet amour pour l’art.

Après avoir obtenu le Schnitgerprejis de Zwolle (Pays Bas) pour Conversation intérieure pour orgue en 1968, il rejoint l’École normale de musique de paris où il sera l’élève de Max Deutsch, Henri Dutilleux, puis le Conservatoire de Paris avec pour professeur Olivier Messiaen, Claude Balif et Michel Philippot. Il commencera aussi à étudier l’acoustique et l’informatique musical.

Ses recherches de nouveaux moyens d’expression et de composition aboutissent lors du tout premier stage d’informatique musicale de l’Ircam à Atemkristall en 1981, créé par l’Ensemble intercontemporain. Également professeur à l’Université de Paris – La Sorbonne, à l’École polytechnique et en Conservatoire, il se consacre à la composition d’oeuvres instrumentales et vocales dont Narcissecho pour orchestre (1983), Deux lecons de ténèbres (1992) pour choeur et grand orchestre.

Après plus de dix années de de silence s’ouvre une nouvelle période créatrice avec la Messe de Saint Bruno (2003) et la Messe de la Chartreuse (2004), oeuvres pour choeur auxquelles le matériau mélodique et harmonique, associé à un style sombre et dépouillé de toute emphase et virtuosité confère un climat propice à la méditation. Cette source d’inspiration sacrée se poursuit avec notamment Magnificat pour choeur (2007) et Alléluia, concert pour 23 instruments (2011)

Ainsi nous avons voulu connaitre les raisons qui l’ont poussé à nous rejoindre.

> Que vous évoque Avignon?
C’est pour moi son Palais des Papes, son Musée du Petit Palais, Notre-Dame-des-Doms avec son orgue italien et où fut chantée ma Messe de la Chartreuse, l’Église St Didier où fut baptisé Olivier Messiaen avec lequel j’ai travaillé au Conservatoire de Paris et où l’ensemble vocal « Phonem » dirigé par P. Pouget créa ma Messe de la Chartreuse, le 4 février 2007. Elle avait été composée en 2004. C’est aussi la chartreuse de Villeneuve lez Avignon et au musée, le superbe tableau d’Enguerrand Quarton.

> Pourquoi l’enseignement, notamment en Conservatoire, continue t’il de vous attirer?
Un Conservatoire n’est pas seulement tourné vers l’apprentissage instrumental, vocal, etc., vers une connaissance du répertoire passé et proche, il vise aussi à apprendre à vivre au présent notre aujourd’hui en rencontrant des compositeurs et des interprètes… pour permettre une approche réelle du métier de musicien, d’artiste. Une telle invitation ne peut être qu’une ouverture, une fenêtre ouverte sur le monde, elle n’a évidemment pas pour vocation de remplacer le travail quotidien avec les professeurs. Elle devrait être seulement l’occasion d’entendre une autre sonorité, une « petite musique » différente… qui oblige chacun à faire une pause, une respiration…
Inviter un compositeur devrait montrer que la musique est toujours vivante, et pas seulement celle qu’on entend à la télé, ou sur les ipods ! La musique ne s’arrête pas d’être vivante et de s’inventer…
C’est donc voir l’occasion de poser des questions sur le métier de compositeur ? Sur les techniques de composition utilisées ? Sur son cheminement à travers les œuvres jusqu’à ce jour ? Sur ses intentions dans telle œuvre ? etc. Et d’obtenir des réponses.
La rencontre du compositeur avec l’interprète et le public a toujours été. La création de l’œuvre d’un compositeur se poursuit et s’achève grâce au travail de l’interprète, elle est nécessaire pour la jouer correctement. Elle permet d’obtenir des informations sur l’interprétation, des explications sur les moyens utilisés dans la composition : son langage harmonique et rythmique, sa forme, ses intentions, etc. pour mieux comprendre l’esprit de l’œuvre !